Zoé, 12 ans, étudie à la maison, par choix

Article de Ouest France du 11 septembre 2012

Insolite

« À l’école, je m’ennuyais. Et je me souviens que la maîtresse criait tout le temps. Je ne suis pas prête d’y retourner. » Zoé, 12 ans (13 ans dans 8 jours), est éduquée par ses parents depuis le cours préparatoire.

Une situation qu’elle ne voudrait changer pour rien au monde : « Je suis libre, témoigne cette jeune habitante de Pluguffan. Je travaille les sujets qui m’intéressent. Par exemple, quand je fais de l’arabe, je cherche quelles sont les ethnies qui parlent cette langue. Je découvre le système métrique et, du coup, je fais des maths. »

Quand on lui demande si elle maîtrise la division des nombres décimaux ou si elle fait de dictées, Zoé éclate de rire. Quelle drôle de question ! « Je n’ai pas de programme précis. J’apprends les proportions en préparant un gâteau au chocolat. C’est aussi simple que ça ! »

« Ouverte et autonome »

Sa maman, Magda, était institutrice : « Je suis sortie du système parce que j’estime que les enfants ne sont pas faits pour l’école. On ne respecte pas leur rythme. Aucun élève n’a besoin de rester six heures assis sur une chaise pour s’éduquer. »

Formée à la méthode Montessori, une pédagogie basée sur une approche sensorielle des apprentissages, elle décide d’arrêter de travailler pour s’occuper de Zoé. « Je ne regrette pas quand je vois ma fille aujourd’hui. Zoé est gaie, ouverte et autonome. L’idée que l’école est obligatoire jusqu’à 16 ans est fausse. C’est l’instruction qui est obligatoire. Et elle peut se faire en famille. »

La jeune fille n’a pas d’emploi du temps ni d’interrogation écrite. Elle s’autocorrige. « Je me lève vers 9 h 30 le matin et je me mets au travail quand j’en ai envie. Je peux passer quatre ou cinq heures sur un thème. » Zoé écrit des textes et elle les traduit en anglais. « J’adore les langues. J’apprends le chinois, l’arabe, l’anglais, l’espagnol, et cette année, je me mets au latin. »

75 familles

Magda accompagne sa fille en lui fournissant du matériel adapté, comme ce jeu de cartes pour apprendre l’histoire. Dans la chambre de Zoé, on trouve aussi un globe terrestre, un poster avec les drapeaux du monde entier, des cartes géographiques et beaucoup de livres. « J’adore aller à la médiathèque des Ursulines à Quimper. Il y a tellement d’ouvrages », se réjouit la jeune lectrice.

Chaque année, un inspecteur de l’Éducation nationale contacte les familles qui ont choisi de déscolariser leur enfant. « Il y en a près de 75 dans le Finistère, informe Magda, membre de l’association Les enfants d’abord. De plus en plus de parents font ce choix. L’Éducation nationale veut vérifier si les enfants grandissent bien. »

Tous les ans, Magda demande à sa fille si elle veut retourner en classe. La réponse de Zoé n’a jamais changé : c’est non. « Des amis, je n’en manque pas. Ils ne sont pas tous de mon âge mais ce n’est pas un problème. En dehors de la maison, je pratique l’équitation, l’aïkido, le violon. J’ai un blog et deux copines, très proches. Je vais très bien. »

Plus tard, elle rêve d’être vétérinaire, astronome, chercheuse en paléontologie ou illustratrice. « Les bonnes notes ne m’intéressent pas. Mais les diplômes ne me font pas peur. Je les préparerai comme tout le monde. » Ou presque.

 

Lucile VANWEYDEVELDT

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