« Il devient plus qu’urgent que la France s’oblige à un véritable changement de culture vis-à-vis de la jeunesse. »(2)

L’affaire de Bétharram, où des faits de violences ont perduré malgré des alertes, soulève des questions essentielles sur la place des jeunes dans la société et particulièrement sur la prise en compte de leur parole, dès le plus jeune âge. Derrière ces faits, abus, violences, silences complices, c’est la domination adulte qui est en marche.

Aujourd’hui, tout le monde s’indigne mais qui remet en question la domination des institutions et des adultes à l’égard des jeunes ?

La défense des jeunes ne peut se limiter à des indignations ponctuelles lorsque l’horreur est mise en lumière par les médias. Ce n’est pas seulement face à un scandale isolé qu’il faut se réveiller, mais bien chaque jour, à chaque alerte, pour chaque jeune. Leur parole, leur autodétermination, leur droit à un cadre respectueux de leurs besoins et de leur bien-être ne sont pas des slogans à brandir selon les opportunités politiques.


Si l’on souhaite incarner pleinement notre devise « Liberté, égalité, fraternité », la France doit avancer sur la question de l’âgisme. A commencer par le fait d’utiliser la dénomination « enfant », du latin « infantis », « qui ne parle pas ». C’est pourquoi notre association s’efforce de ne pas employer ce terme et de préférer « jeune » ou « jeune personne », pour reconnaître leur droit à s’exprimer, et défend les familles qui souhaitent choisir les modalités d’instruction les plus adaptées et respectueuses des plus jeunes.

« Or, plus de trente ans après l’adoption de la Convention par les Nations unies, la culture des droits de l’enfant peine à s’installer durablement. »


La France a signé la Convention internationale des droits de l’enfant, et son article 12 (1) impose le devoir de prendre en compte sa parole. Mais pour l’heure cette signature reste, pour la majeure partie des articles, non-contraignante. Comme la Défenseure des droits le déplore dans son rapport de 2022 (2) où elle exhortait les politiques :


« Il devient plus qu’urgent que la France s’oblige à un véritable changement de culture vis à vis de la jeunesse : Rendre effectif le droit de l’enfant d’être entendu et de participer suppose de diffuser une culture des droits de l’enfant. La sensibilisation, l’information et la formation des enfants et des adultes, en particulier ceux travaillant en contact avec des enfants, sont nécessaires pour permettre l’acculturation de l’ensemble de la société aux droits de l’enfant et notamment au droit consacré à l’article 12. »


Ce qui s’est passé à Bétharram est scandaleux, mais ne pas agir dès maintenant pour garantir à chaque jeune un accueil bienveillant et sécurisé de sa parole entretiendrait une culture de domination adulte indigne des enjeux du XXI siècle. Il est urgent que les décideurs prennent leurs responsabilités et agissent pour le respect et le bien-être des jeunes. C’est pourquoi nous demandons que :


– la loi du 10 juillet 2019 relative à l’interdiction des violences éducatives ordinaires s’étende également aux institutions


– le Haut Commissaire à l’Enfance se saisisse de ce sujet et s’entretienne avec les associations qui défendent les jeunes.


– les partis introduisent dans leur niche parlementaire en première position une proposition de loi visant à faire de la prise en compte de la parole des jeunes une priorité dans le cadre de l’expression de violences, mais aussi dans celui du choix du mode d’instruction le plus adapté.


– le retour au régime déclaratif de l’instruction en famille (IEF).


En effet, respecter la parole de la jeune personne c’est aussi accepter, quand cela est possible, son souhait d’apprendre autrement et parfois en dehors de l’école. Le Président E. Macron lui-même avait reconnu le 25 Août 2022 dans son discours à la Sorbonne :

« le constat lucide qui est que nous avons encore trop d’élèves malheureux, trop de parents d’élèves anxieux […] ça veut dire que quelque chose ne marche pas dans notre organisation collective […] » (3) Selon une étude de la CooPLI (coordination pour la liberté d’instruction) (4), les troubles d’apprentissages, l’autisme, la douance, le harcèlement et la phobie scolaire représentent 2/3 des raisons de l’IEF.

Dans ce contexte, l’Instruction En Famille offre une alternative laïque et gratuite à toute famille qui, face à ce même constat, souhaite offrir au jeune une instruction adaptée et de qualité.

Pourtant, c’est Emmanuel Macron aussi qui est à l’origine de l’article 49, liberticide, de la loi Confortant le Respect des Principes de la République qui vise à restreindre l’accès à l’instruction en famille.
Après quatre années d’application, nous avons maintenant le retour des jeunes en souffrance qui ont été contraints à la scolarisation, certains ont fait des tentatives de suicide (des dizaines meurent chaque année). D’autres en situation de handicap, après refus d’autorisation d’IEF, ont vu leur aménagement non respecté faute de moyens.


La vraie protection des jeunes ne passe pas par une uniformisation autoritaire des parcours éducatifs, mais par une reconnaissance de la diversité des besoins et des modes d’apprentissage, tout en assurant un contrôle efficace là où les risques de maltraitance sont réels.


L’association Les Enfants d’Abord appelle à une remise en question des logiques de pouvoir qui exposent les jeunes aux violences institutionnelles et à une véritable réflexion sur ce qui garantit leur bien-être et leurs droits, au-delà des dogmes et des préjugés.


Il est temps d’agir ! Défendons les droits fondamentaux des plus jeunes.

 

(1) https://www.ohchr.org/fr/instruments-mechanisms/instruments/convention-rights-child#:~:text=Nul%20enfant%20ne%20fera%20l,immixtions%20ou%20de%20telles%20atteintes .

(2) https://www.defenseurdesdroits.fr/sites/default/files/2023-10/ddd_rapport-annuel-enfants-2020_synthese_20201119.pdf

(3) https://www.elysee.fr/emmanuel-macron/2022/08/25/ouverture-de-la-reunion-des-recteurs-dacademie-a-la-sorbonne

(4) https://blog.lesenfantsdabord.org/linstruction-en-famille-au-prisme-de-lenquete-leda-coopli-2022/

 

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